DE... « LA GUERRE DES IDÉES »

Le pouvoir intellectuel, c’est-à-dire la capacité de peser sur la société par la diffusion des idées, est passé des mains des prêtes à celles des professeurs, puis des écrivains, et enfin des journalistes.

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Nous vivons en effet dans l’ère du flux permanent où les idées sont plus que jamais soumises à la tyrannie de la mode. La vie intellectuelle vit au rythme des polémiques et des affrontements. Les passages télévisés, où déjà l’intellectuel doit synthétiser sa pensée et la simplifier à l’extrême, sont eux-mêmes redécoupés en tranches sur les réseaux sociaux, réduits à des pastilles vidéo de quelques secondes ou de tweets de 280 signes. La pensée devient de plus en plus hachée, un débat chasse l’autre dans une dynamique infernale qui ne connait aucune trêve.

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… Gisèle Sapiro s’alarme, elle de « l’inquiétante dérive des intellectuels médiatiques » dans l’espace publique, notamment ces figures de gauche « mues par la défense identitaire » qui interviennent sans cesse dans le débat publique, « capables de parler de tout sans être spécialistes de rien ».

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« Jadis la censure venait de la droite conservatrice et moraliste. Désormais, elle surgit de la gauche », reconnait l’essayiste Caroline Fourest dans son dernier livre Génération offensée. 

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C’est l’image qui est selon lui [Régis Debray] la maitresse du monde ; et « la classe dirigeante n’a plus besoin d’idées générales, mais d’économistes et d’hommes du spectacle ».

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Là où les libéraux cultivent l’empirisme, chérissent l’ordre spontané de la société et font confiance à l’individu, la pensée critique et progressiste cultive l’abstraction et aime à considérer l’ordre social comme un jeu de Lego à remodeler à l’infini selon l’utopie du moment.

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Le débat a laissé place au combat.

 

Eugénie Bastié

 

DE... « LA FABRIQUE DU CRÉTIN DIGITAL »

 ... cette merveilleuse réplique de Jean Cazeneuve, ancien Premier ministre : Twitter, c’est la phrase brève au service des idées courtes.

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Pour notre homme [Sean Parker, ancien président de Facebook], « le truc que motive les gens qui ont créé ces réseaux [sociaux] c’est : ’’Comment consommer le maximum de votre temps et de vos capacités d’attention ?’’ » Dans ce contexte, pour vos garder captif, « il faut vous libérer un peu de dopamine, de façon suffisamment régulière. D’où le like ou le commentaire que vous recevez sur une photo, une publication… Cela va vous pousser à contribuer de plus en plus et donc à recevoir de plus en plus de commentaires et de likes, etc. C’est une forme de boucle sans fin de jugement par le nombre ».

 

 Michel Desmurget